Les choses matérielles peuvent atteindre, à un moment donné, la signification de la mémoire la plus vive. La mélancolie, le désir ou l'amour peuvent imprégner de leur arôme ces vêtements qui occupaient les corps qui ne sont plus là.
Et cela se passe de manière très différente pour chaque personne. Pour Eleonora, nombre de ses vêtements, à l'abri des boules à mites, constituent un passé couvert de culpabilité et de déception. Beaucoup de ces chemisiers, jupes ou robes occupent les placards d'un appartement à Florence, où Eleonora a passé une grande partie de son existence.
C'est désormais sa fille, Corinne, qui vit en Italie, cherchant en partie une distance physique et affective avec sa mère. Leurs secrets, leurs dettes en souffrance et leurs fautes mutuelles cachent le chemin de la réconciliation.
Mais une mère ne cède jamais à la perte d'une fille. Pour se justifier, ses vêtements florentins deviennent transmetteurs de sa vérité, des pulsions vitales qui l'ont conduite de défaite en défaite.
Pour Corinne, comprendre que sa mère Eleonora est comme elle est et qu'elle était comme elle était est un abîme émotionnel et rationnel. La disparité des caractères rend cette empathie impossible, toujours plus difficile chez ceux unis par la familiarité.
La compréhension viendra peut-être. À un moment donné, parmi les vieux vêtements du passé de sa mère, peut-être que Corinne peut trouver un message positif, un véritable amour de la façon dont sa mère a pu et peut aimer.
En fin de compte, cette relation unique, complètement pleine de bords, devient très nôtre. L'amour est complexe, l'idée de famille suppose toujours, à un moment donné, une rupture nécessaire où amour et liberté individuelle s'équilibrent à peine.
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